Les agences de traduction et les traductions automatiques
De nos jours nous pouvons satisfaire beaucoup de nos besoins physiques, intellectuels et émotionnels en utilisant Internet ou avec l’aide de logiciel disponible on-line ou qu’on installe sur nos ordinateurs. On réserve nos vols et nos hôtels, on commande nos vêtements, nos courses et tout ce qu’il faut pour notre maison, on échange des nouvelles avec nos amis sur les réseaux sociaux. D’autant plus que sur Internet nous pouvons réaliser des tâches encore plus importantes et compliquées, comme, par exemple, s’instruire à distance ou même rencontrer son futur amour. Dans le cadre de cette omniprésence d’Internet dans notre vie quotidien les traductions on-line et automatiques n’étonnent plus personne et deviennent même indispensables pour les professionnels qui d’un côté sont obligés de travailler avec beaucoup de textes dans des langues étrangères qu’ils ne maitrisent pas eux-mêmes.
Est-il possible de faire des traductions de qualité à l’aide des robots ? Et chaque traduction a t’elle vraiment besoin d’une touche humaine? Les débats autour de ses questions ne s’arrêtent jamais. Alors, les traductions automatiques contre les traductions des professionnels, dites autrement «traductions faites manuellement» et que le meilleur gagne! Aujourd’hui beaucoup de sites au lieu d’être multilingues réalisés par la main de l’homme, se retrouvent avec un logiciel qui traduit automatiquement le contenu en deux clics.
Certes, les traductions on-line et automatiques nous facilitent la vie et permettent d’économiser du temps et de l’argent. Quoi de mieux? Alors, est-ce que cela veut dire que les professionnels de traduction partout dans le monde vont bientôt chômer? De plus, l’expansion des traductions automatiques diminue la valeur du travail des “vrais” traducteurs.
Cependant, la situation n’est pas si dramatique. En fait, une langue humaine est un système très complexe fait de mélange de phénomènes logiques et rationnels d’un côté, et de paradoxes du hasard et d’éléments émotionnels souvent subjectifs d’un autre côté. Les éléments logiques d’une langue sont représentés par sa structure de base – système de grammaire avec ses règles, les mots les plus utilisés (pronoms etc.), les mots “du noyau” avec une seule signification. En même temps, comme nous le savons chaque règle a ses exceptions et dans chaque langue il en a beaucoup. En plus quasiment chaque phrase est un résultat d’un processus de créativité de celui qui la formule. Cela veut dire, que les émotions jouent beaucoup sur la signification des mots. Certains mots peuvent être utilisés dans leur sens direct, d’autres ironiquement. On peut dire qu’en appliquant les règles de base d’une langue, on l’utilise quand même pour décrire nos propres idées en fonctions de nos besoins du moment, et dans ce sens là, chaque phrase est subjective et doit être interprétée selon le contexte. Et c’est bien là qu’est le point faible des traductions automatiques par rapport aux traductions faites par les êtres humains.
Les traducteurs-robots sont capables de travailler le niveau rationnel d’une langue, mais ils n’ont pas assez de “sensibilité humaine” pour capter le niveau émotionnel et bien analyser le contexte de chaque phrase.
Donc, au finale, les traductions automatiques peuvent être efficaces uniquement dans les circonstances ou l’élément irrationnel d’une langue est effacé au maximum. Et pour cela il faut que certaines conditions soient réunies en même temps:
1) Plus une langue d’origine et une langue cible sont proches au niveau de leur structure, mieux sera la traduction automatique. Par exemple, la traduction du français vers l’italien sera plus cohérente que celle du français vers le russe ou le chinois. Le français et l’italien appartiennent au même groupe de langues, donc, au niveau de la grammaire, de l’ordre des mots dans une phrase ils sont très similaires, et la machine n’a pas trop à “réfléchir” en faisant la traduction, car presque chaque mots français correspond à un certain mots italien. Avec le russe et le chinois c’est bien plus compliqué, pour traduire un texte en français vers ces langues il faut réfléchir comme un français, avoir la logique linguistique du français et pour passer vers le russe ou vers le chinois il faut également avoir la logique de ces langues et pouvoir penser soit comme un russe, soit comme un chinois. Un robot étant privé de cette fameuse sensibilité humaine n’est donc pas toujours capable de bien surmonter cette barrière entre deux langues si différentes.
2) Les structures des phrases du texte en langue source doivent être assez simples est transparentes (par exemple, sujet+prédicat+complément d’attribution ou sujet+prédicat+complément déterminatif). Les traducteurs automatiques se débrouillent plus ou moins avec les phrases simples et ont plus de mal avec les phrases de subordination.
3) Dans le texte en langue d’origine il n’y a pas beaucoup de mots avec plusieurs significations ou avec un sens métaphorique ou imagé. La machine a du mal à faire le choix entre plusieurs significations de mots et prend souvent celle qui est statistiquement la plus utilisée et c’est bien cela qui provoque les incohérences dans les traductions automatiques. Mais en même temps, dans chaque langue il y a beaucoup plus de mots polyvalents que de mots limités à une seule et unique signification ainsi que très peu de phrases ou il y d’avantage de mots avec une seule signification.
4) Les phrases du texte en langue d’origine sont plus au moins indépendants l’une de l’autre. Comme on l’a déjà mentionné, le traducteur automatique n’est pas très performant en termes d’analyse du contexte.
5) Si le texte d’origine contient beaucoup de “nouveautés” linguistiques, nouveaux mots, nouvelles significations de mots déjà existants ou d’autres changements etc… qui n’ont pas encore été officiellement enregistrés (y compris dans les versions des traducteurs automatiques) et qui n’existent que dans le langage courant, le traducteur automatique va craquer et remplir de l’espace vide sans savoir quoi en faire en reprenant tout simplement le mots du texte d’origine en l’intégrant directement dans le texte de la langue cible. Donc, dans ce cas vous risquerez de trouvez, par exemple, un mots russe (en Cyrillic, bien entendu) en plein milieu du texte en français ou en anglais (écrit avec des lettres de l’alphabet latin).
On voit bien que les possibilités des traducteurs automatiques sont un peu limitées, comme il n’y a pas beaucoup de textes qui répondent en même temps aux cinq critères qu’on vient de mentionner. Les traducteurs automatiques peuvent venir au secours, s’il faut traduire des textes courts et simples pour se faire juste une idée du contenu du texte d’origine. Mais les traducteurs automatiques ne conviennent pas pour la vraie communication, pour faire des phrases qu’un traducteur automatique puisse facilement interpréter il faut réfléchir comme une machine et communiquer comme un robot, et nous, nous communiquons comme des êtres humains.
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Cela veut dire que malgré le développement intense de nouveaux logiciels et de traductions automatiques, le métier du traducteur reste en sécurisé et existera toujours. Il faut quand même noter que les systèmes de traduction automatique s’améliorent chaque année. En plus, qui sait, peut-être, dans quelques décennies grâce au transhumanisme, les capacités du cerveau humain et de la mémoire seront arrivés à un tel niveau qu’on pourra apprendre facilement et rapidement les langues à n’importe quel âge ou passer directement d’une langue à l’autre sans même l’apprendre et ainsi ne plus avoir besoin des professionnels pour nous aider à comprendre les gens qui vivent à l’autre bout de la planète et parlent une autre langue. Mais en même temps, les recherches liées à l’élaboration des traducteurs automatiques et des études des capacités linguistiques du cerveau humain dans le cadre du transhumanisme, peuvent devenir un nouveau domaine ou les connaissances et l’expérience des linguistes et des traducteurs talentueux seront très demandées.
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Eleonora Larina
Gérante Larina Translation et essayiste littéraire
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