Traduction littéraireAmélie Nothomb – Oscar Wilde au féminin

Amélie Nothomb : Une incarnation féminine d’Oscar Wilde. L’un des moments les plus marquants du Festival du Livre 2015 à Mouans-Sartoux fut la rencontre avec Amélie Nothomb. Je le reconnais, je ne suis pas particulièrement “originale” dans mon enthousiasme. Rejoignant ainsi la cohorte de ceux qui ont succombé au charme de Mademoiselle Nothomb. À l’encontre de ceux qui attribuent son succès à son excentricité. Je soutiens plutôt l’idée que c’est la personnalité singulière de cette femme qui confère à ses œuvres leur caractère distinctif. Ma toute première rencontre avec Amélie Nothomb remonte à deux ans. Elle s’est déroulée de manière virtuelle, ou plus précisément, à travers les ondes télévisuelles.

À la Découverte d’Amélie Nothomb à travers ses Œuvres

Ayant visionné le film “Stupeur et Tremblements” avec Sylvie Testud, adapté d’un livre d’Amélie Nothomb, j’ai été intrigué et motivé à explorer l’œuvre littéraire qui a inspiré ce film. Mon intérêt persistant pour la culture japonaise vue à travers le prisme des Européens m’a conduit à la lecture de “Ni d’Eve, ni d’Adam”. Ce livre m’a particulièrement enchanté par son style vif et léger, combiné à une profondeur marquée par des observations psychologiques culturelles fines et raffinées. Son ironie brillante et son sens de l’humour ont également captivé mon attention.

Par la suite, j’ai plongé avec un immense plaisir dans les pages de “Hygiène de l’assassin”. Ces expériences de lecture m’ont procuré d’agréables moments, suscitant mon désir de rencontrer personnellement Mademoiselle Nothomb. Ma rencontre avec elle n’a pas déçu, consolidant davantage mon appréciation pour son talent littéraire.

Échos d’Élégance et d’Esprit : L’Inspiration d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb n’hésite pas à révéler l’une des sources d’inspiration de son dernier roman. “Le crime du comte Neville” : le livre d’Oscar Wilde intitulé “Le crime de Lord Arthur Savile”. À mon sens, si Amélie Nothomb avait partagé la même époque qu’Oscar Wilde, elle aurait pu, avec ses chapeaux artistiques et ses “witticisms” (remarques piquantes et pleines de sel), être à son tour une muse inspiratrice pour le célèbre écrivain britannique.

Les chapeaux noirs excentriques d’Amélie Nothomb, faisant partie intégrante de son image. Telle une orchidée toujours fraîche dans une boutonnière, évoquent l’élégance que Wilde aurait certainement appréciée s’il avait été une femme. Ce n’est pas seulement les chapeaux, mais aussi la vision du monde de Nothomb qui aurait charmé Wilde.

Lors des échanges avec ses fans, Amélie Nothomb donnait l’impression d’incarner l’un des personnages d’Oscar Wilde, une sorte d’Oscar Wilde au féminin. Mademoiselle Nothomb, tout comme Mr. Wilde, ne craint pas de remettre en question les idées préconçues, que ce soit dans ses paroles ou dans son mode de vie. Cela la rend parfois “infréquentable” aux yeux de sa famille aristocratique belge. Quelques phrases d’Amélie Nothomb que j’ai retenues reflètent parfaitement cette audace.

“Adolescence cela n’était pas la période la plus heureuse dans ma vie, au contraire… C’était une période horrible. Est-ce qu’il y a des adolescents ici? J’aimerais bien vous poser une question: comment vous faites?”

“J’adore les gens partout, sauf chez moi… Si un jour j’invite des gens chez moi, cela risque de finir en meurtre”

“Amélie Nothomb : Entre Noblesse Inattendue et Maternité Littéraire”

D’origine issue d’une famille de barons où le titre de noblesse se transmettait traditionnellement de père en fils, l’accès à cette distinction pour une femme n’était possible que par le mariage avec un baron. Cependant, Amélie a délibérément choisi la vie célibataire et la carrière d’écrivaine.

À la surprise générale, le 17 juillet 2015, le roi Philippe de Belgique lui accorde le titre de baronne. Bien qu’elle n’ait jamais été mariée. Amélie Nothomb a accueilli cette nouvelle avec une perspective philosophique en se demandant : “Si on me donne le titre de noblesse, pourquoi devrais-je le refuser ?” Elle en a informé son père avec humour : “Voilà, papa. Je n’ai pas épousé un baron, mais je suis quand même devenue baronne.” Elle souligne ironiquement que son frère est devenu baron simplement par sa naissance. Tandis qu’elle a dû écrire de nombreux livres pour obtenir ce titre, une situation qui aurait certainement attiré l’attention d’Oscar Wilde, si ce dernier était encore en vie.

“Mère Littéraire et Individualité Artistique : La Vie et l’Œuvre d’Amélie Nothomb à l’Aune d’Oscar Wilde”

Le cliché selon lequel chaque femme est physiologiquement destinée à avoir des enfants ne s’applique pas à Mademoiselle Nothomb, qui n’en a jamais eu. Elle se considère néanmoins comme la mère d’une famille très nombreuse, ses livres étant comparés à ses enfants. Amélie est une mère dévouée prête à sacrifier son sommeil, écrivant tous les jours de 4 à 8 heures du matin, malgré les décalages horaires et autres obstacles. Elle admet que son existence est définie par la possibilité d’assouvir son désir d’écrire.

Cette approche reflète les enseignements d’Oscar Wilde. Soulignant que “le secret de la vie est dans l’art” et que c’est l’art seul qui nous révèle à nous-mêmes. Amélie Nothomb, en conservant la liberté d’écrire à sa manière, parvient à préserver son individualité, même si certains perçoivent son visage comme atypique. Elle s’inscrit ainsi en dehors de la norme, car, comme le soulignait Wilde, “la plupart des gens sont d’autres personnes, leurs pensées sont les opinions des autres, leur vie est une imitation et leurs passions sont des citations”. Finalement, elle conclut : “Je suis ce que je peux être. Je ne maîtrise pas ce que je suis et encore moins les regards que les autres posent sur moi.” (Amélie Nothomb, citée d’après Joëlle Smets, « Un mythe, bien malgré elle », Le Soir Magazine n° 3714, En couverture, le 27 août 2003, pp. 14-17.)

 

Bien au-delà des conventions : La vie et l’écriture excentriques d’Amélie Nothomb.

Cette écrivaine, en dépit des opinions des autres, y compris celles de sa famille, mène sa vie selon ses propres convictions, exprimant ses propres opinions sur tout et poursuivant ses propres passions. Elle écrit bien plus que ce qu’elle publie : chaque année, elle rédige 3 à 4 livres. Mais seulement un est publié. Selon son testament, les autres ne seront dévoilés au public qu’après sa mort.

Elle semble ne rien prendre au sérieux, plaisantant sur tout, y compris sa propre mort. “Dans mon testament, il est précisé qu’en cas de décès – donc, ce cas peut être probablement évité. Ces livres ne doivent jamais être publiés.” Cela illustre bien un autre aphorisme de M. Wilde : “La vie est une chose trop importante pour être prise au sérieux” (“Life is too important to be taken seriously”). Indubitablement, passer une heure avec Mademoiselle Nothomb est loin d’être ennuyeux, et la rencontre s’est déroulée à une vitesse vertigineuse.

Je pense qu’en fin de compte, Amélie Nothomb ne se résume pas à l’une des “witticisms” de Mr. Wilde. “Les bons artistes existent seulement dans ce qu’ils font. Et ne sont pas du tout intéressants dans ce qu’ils sont” (“Good artists exist simply in what they make and consequently are perfectly uninteresting in what they are”). C’est précisément pour cette raison qu’elle trouverait assurément sa place dans les pages d’un de ses romans ou de ses pièces de théâtre. Si ces deux personnalités avaient pu se rencontrer en réalité. Ou peut-être, tout simplement, l’âme d’Oscar Wilde s’est-elle réincarnée dans le corps de cette “modeste écrivaine belge”, comme elle se décrit elle-même ?

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