Traduction littéraire du roman la guerre des boutons

Un siècle après sa publication française en 1912, le livre « La guerre des boutons » sort, enfin, en traduction officielle russe. Le roman pour les adolescents, appelé « le grand-père » de « Sa Majesté des mouches » de William Golding, est passé inaperçu pour le lecteur russe ou, plutôt, soviétique. Les spectateurs ont eu plus de chance : plusieurs adaptations du roman existent, dont la plus connue est celle d’Yves Robert, apparue en 1962. On l’a vue projeter sur les écrans en URSS, et seulement au bout de cinquante ans l’auditoire du pays a pris connaissance de l’histoire de ces bandes d’enfants rivales de deux villages.

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Et un destin pareil était étrange, pourtant.

La Russie a toujours chéri et abondamment lu la littérature française, et cette œuvre en particulier ne fait pas exception à la règle. Et cela grâce à la problématique évoquée, aussi qu’à ses particularités stylistiques. Quelles en seraient les raisons ? Soit le cours de l’histoire russe, particulièrement cruelle et riche en bouleversements dans la première partie du XX siècle, a fait d’une manière qu’il n’y a pas eu de temps pour la traduction d’un livre d’enfant. Ou bien – et ce qui semble être beaucoup plus vraisemblable – le thème de l’animosité entre les voisins,  presque des frères, a été complètement étranger et tabou dans un État nouveau-né aussi immense et multinational.

Enfin, que la littérature soviétique russe « pour les enfants et la jeunesse » a été si nombreuse et de haute qualité, qu’elle suffisait à la demande des jeunes lecteurs. Il était, quand même, indispensable de bien connaître les grands classiques. Mais les enfants rêvant d’aventures et d’exploits dévoraient les romans visionnaires de Jules Verne et incarnaient dans les cours les trois mousquetaires et le comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, sans trop s’intéresser à un Marcel Pagnol lyrique et à un Maurice Maeterlinck symbolique et philosophe.

Louis Pergaud,

lui, évoque les problèmes éthiques qui concernent les enfants grandissants tout comme leurs parents. D’ailleurs, son roman est d’une valeur littéraire évidente : l’auteur s’est doté d’un bon styliste et a vivement imité les particularités du jargon régional et enfantin. Ce qui est un atout incontestable de l’original, mais représente de vrais obstacles pour la traduction. Pourtant, Mikhaïl Yasnov (Михаил Яснов), poète, écrivain pour les enfants et traducteur connu de Saint-Pétersbourg, et sa collègue, Maria Broussovani (Мария Брусовани), ont su les surmonter.

L’édition est dotée d’une préface et des commentaires de Mikhaïl Yasnov. Entre autres elle a de belles illustrations de Vadime Tchélak (Вадим Челак), dont les travaux accompagnant les œuvres de Jonathan Swift, Rudiard Kipling, Mark Twain, Selma Lagerlöf, Gianni Rodari et d’autres sont déjà reconnus classiques.

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