Les interprètes en simultanée lors des rencontres internationales.

Les bonnes relations ne tiennent parfois qu’à peu de choses. Les niveaux et la qualité du travail des interprètes en simultanée peuvent influencer dans le bon sens ou pas, les échanges entre les dirigeants du monde. Et les conséquences peuvent avoir de graves retombées.

Les interprètes en simultanée

Les présidents Macron et Poutine lors de la rencontre au Fort de Brégançon

Dernier exemple en date, la rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron le 19 août 2019 à  Brégançon. Le travail du groupe des interprètes en simultanée pour les  journalistes des média français a sensiblement été différent de celui réalisé par les interprètes de RT France (média Russe), incident remarqué par un grand nombre de téléspectateurs et d’internautes. Dans ce cas précis, nous pouvons dire, qu’ heureusement, les différences d’interprétation n’ont pas de conséquences graves pour une bonne relation géopolitique. Certains cas peuvent parfois se terminer par des retombées très négatives.

Article à lire  : Lost in translation : qu’a vraiment dit Vladimir Poutine sur les Gilets jaunes à Brégançon ?

Historiquement il existe plusieurs cas dans notre histoire où les interprètes en simultanée et les traducteurs ont changé le cours des événements.

L’exemple le plus tragique est malheureusement celui-ci :

Les bombardements de Hiroshima et Nagasaki auraient pu être évités, pour une erreur de traduction qui aurait pu être évitée, suite à l’interprétation du terme japonais «Mokusatsu»  qui s’est interprété «ignorer avec mépris» mais qui aurait été interprété dans un mauvais contexte. Et cela pour provoquer le plus grand massacre du 20è siècle avec le largage par les Etats-Unis de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki.

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La réalité fut simplement, une confusion et un empressement des journalistes qui ont mal interprété, Kantaro Suzuki qui utilisa le terme «Mokusatsu»   pour dire : «sans commentaire pour le moment» terme ayant un double sens  qui pouvait dire «mépris». La suite de l’histoire nous la connaissons. Pouvons-nous dire qu’une réflexion doit se poser concernant professionnalisme des interprètes et surtout ne pas mélanger deux métiers en un ! Journaliste et interprète ne sont pas la même profession !

D’autres exemples existent, moins graves de conséquences en vies humaines mais qui ont tout de même un impact.

Confusion lors  du référendum soudanais en Février 2010

Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies,

«Nous allons travailler dur pour éviter une possible sécession», rapporté par l’AFP. En réalité, Ban Ki-moon avait déclaré aux journalistes qu’il était en faveur d’un Soudan unifié, affirmant : «Nous allons essayer de travailler dur pour rendre cette unité attrayante». Conséquence, un incident majeur au Soudan qui a mis du temps à se dissiper.

L’abandon de Jimmy Carter des Etats-Unis d’Amérique ?

1977, Jimmy Carter président des Etats-Unis en visite en Pologne avec un interprète russe qui parlait polonais, sans formation professionnelle pour cette langue !

Le président Carter aurait affirmé qu’il avait «abandonné» les Etats-Unis pour la Pologne. Mais en réalité il évoquait simplement les «aspirations pour l’avenir» des Polonais.

Heureusement pour ce cas précis, la plus grave conséquence fut le congé prématuré de l’interprète, et quelques plaisanteries des Polonais.

Le fameux «Nous allons vous enterrer»

Encore une traduction approximative en pleine Guerre Froide. En 1956, le président du Conseil des ministres d’URSS, Nikita Khrouchtchev, se voit dénaturer une expression : Qui aurait dû être : «nous vous survivrons» ou «nous vaincrons» qui est la bonne traduction, s’est transformée en « nous allons vous enterrer »… Il faut avouer que, vu le contexte, cela pouvait vite déraper. Encore une fois la responsabilité de l’interprète est lourdement engagée.

Beaucoup d’autres cas existent et la question se pose quand la technologie pense  pouvoir remplacer l’interprète. Est-ce une bonne idée étant donné les responsabilités engagées et les conséquences possibles ?

Une expression italienne  illustre parfaitement  le sujet «Traduttore, traditore», qui signifie littéralement «traducteur, traître» ce qui prouve qu’en matière de politique internationale l’exercice est vraiment délicat et même dangereux.

Pour conclure je dirais qu’il vous appartient de décider si l’interprète est un traître ou pas !

 

Un article complet sur le sujet :

https://francais.rt.com/international/65141-traduire-cest-trahir-erreurs-interpretation-qui-ont-change-ou-pas-histoire

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